Histoire de la Mélancolie
La mélancolie fut d'abord un terme médical, fondé sur la théorie des humeurs. Il désignait une folie triste. Au XVIIe siècle, on semble avoir été sans complaisance à l'égard de cette folie.«Surtout je redoutais cette mélancolieOù j'ai vu si longtemps votre âme ensevelie.» Racine, Andromaque.«J'ai honte de montrer tant de mélancolie, dit de son côté Horace», un des personnages de Corneille .
Quant à Boileau, il traite la mélancolie comme une faute de style: «modère les bouillons de ta mélancolie.»Le mot s'éloigne ensuite de son sens médical pour désigner une tristesse vague et plutôt douce qui sera un état de grâce à l'époque romantique, que Rousseau inaugure ainsi: «Ô mélancolie enchanteresse! ô langueur d'une âme attendrie! combien vous surpassez les turbulents plaisirs, la gaité folâtre, la joie emportée , et tous les transports qu'une ardeur sans mesure offre aux désirs effrénés des amants!»L'équivalent de la mélancolie est appelé aujourd'hui dépression. L'image d'une implosion, d'un effondrement a remplacé celle d'un débordement, d'un excès d'humeur noire.
La notion de dépression n'a toutefois pas chassé celles d'humeur et de mélancolie des manuels de psychiatrie. Dans le Précis pratique de psychiatrie, de Duguay et Ellenberger, (Maloine -Chênelière et Stanké) l'auteur de l'article sur les maladies de l'affectivité, Charles Dumas, nous rappelle que les mots manie et mélancolie remontent à l'antiquité grecque, qu'Aristote avait remarqué que les artistes et les penseurs étaient sujets à la tristesse. Il nous apprend même que la Bible, dans une allusion aux états dépressifs de Saül et de Job, évoque les bienfaits de la musicothérapie: «David pinçait la harpe pour calmer et soulager Saül quand l'esprit mauvais de Dieu fondait sur lui.». Au cours des siècles, explique Charles Dumas, les deux mots, manie et mélancolie, seront employés pour qualifier toutes formes de folie et délires, la manie désignant les folies totales, la mélancolie, les folies partielles...
À la fin du XIXe siècle les grandes maladies de l'affectivité se regrouperont autour de la psychose maniaco-dépressive et de la mélancolie d'involution.[...]La psychanalyse assimilera la mélancolie à une réaction de deuil anormale.»
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