He felt without volition, plunged into a state of aboulia. (Fowles, The French Lieutenant's Woman)
Andromeda, Sir Edward John Poynter, 1869.
(Psychologie clinique par extension en littérature et en critique littéraire pour caractériser un personnage, l’œuvre d’un écrivain, l’âme d’un peuple etc.). Maladie de la volonté. Absence de volonté. Fléchissement, perte de la volonté, etc.
Inaptitude à passer à l’acte, à décider ou, simplement, à choisir. Incapacité de donner à l’acte la forme d’une décision par la perte du désir ou la démission devant les exigences de la vie.
Tendance à différer indéfiniment la décision, l’action ou seulement la définition d’un projet par manque de but dans l’existence.
Indifférence aux réalités.
Aboulie, subst. fém. français et aboulia, abulia, subst. anglais, terme forgé au milieu du XIXe siècle sur un mot grec Aβουλία construit sur α- privatif et le v. βουλεσται : «vouloir», puis utilisé par Théodule Ribot dans son étude sur les maladies de volonté (1883).
L’aboulie est d’abord une notion clinique ainsi définie par Pierre Janet: « Le mot aboulie, quand il est employé d’une manière précise, ne désigne pas la suppression d’une action d’un degré quelconque ; il désigne exactement la suppression de l’action réfléchie, l’impossibilité de donner à l’acte la forme d’une décision, c’est-à-dire d’une volonté ou une croyance arrêtées après délibération. »
La critique littéraire a repris le terme pour qualifier les gentilshommes de la province russe, tels qu’ils sont présentés par Ivan S. Tourguéniev dans Gamlet chtchigrovskogo ujezda (L’Hamlet du district de Chtchigry) (1849) : leur détachement de la réalité russe les rend incapables de se consacrer à une tâche productive. Ainsi deviennent-ils des « hommes inutiles », d’un certain point de vue des anti-héros.
À la suite du personnage d’Oblomov, d’Ivan Aleandrovitch Gontcharov, la notion d’aboulie se multiplie dans la littérature russe, même chez Tolstoï et Dostoïevski jusqu’à définir le type de l’« âme russe ». Un type semblable de personnage aboulique apparaît dans des romans américains évoquant le sud des États-Unis, par exemple dans A Confederacy of Fools (Une confédération de fous, 1963) de John Kennedy Toole.
Mais le phénomène d’aboulie apparaît surtout sous la plume d’auteurs hispanophones, en particulier sud-américains, comme si l’aboulie n’était autre que l’inadéquation du peuple avec son environnement, avec son destin. Il en est ainsi de l’Espagnol A. Ganivet (Idearium español, 1897) ; le poète chilien Carlos Pezoa Veliz (Poesías y prosas, 1927) traduit l’angoisse de la population indigente de son pays ; les personnages conçus par l’Uruguayen Juan Carlos Onetti, par le Vénézuélien Rómulo Gallegos, par le Colombien José Eustasio Rivera, par le Péruvien Ciro Alegría, par l’Équatorien Jorge Icaza traduisent la désespérance d’une population dessaisie de son avenir et y ayant renoncé. Il en est même encore ainsi de l’œuvre des Argentins Jorge Luis Borges et Julio Cortázar, du Brésilien Jorge Amado, du Mexicain Carlos Fuentes ou du Péruvien Mario Vargas Llosa, du Guatémaltèque (émigré à Paris) Miguel Angel Asturias, du Chilien Pablo Neruda et du Colombien Gabriel García Márquez. La littérature latino-américaine témoigne donc, par le traitement de l’aboulie, de la privation de son passé et de son avenir qu’a subie le peuple latino-américain.
L’aboulie est d’abord une notion clinique ainsi définie par Pierre Janet: « Le mot aboulie, quand il est employé d’une manière précise, ne désigne pas la suppression d’une action d’un degré quelconque ; il désigne exactement la suppression de l’action réfléchie, l’impossibilité de donner à l’acte la forme d’une décision, c’est-à-dire d’une volonté ou une croyance arrêtées après délibération. »
La critique littéraire a repris le terme pour qualifier les gentilshommes de la province russe, tels qu’ils sont présentés par Ivan S. Tourguéniev dans Gamlet chtchigrovskogo ujezda (L’Hamlet du district de Chtchigry) (1849) : leur détachement de la réalité russe les rend incapables de se consacrer à une tâche productive. Ainsi deviennent-ils des « hommes inutiles », d’un certain point de vue des anti-héros.
À la suite du personnage d’Oblomov, d’Ivan Aleandrovitch Gontcharov, la notion d’aboulie se multiplie dans la littérature russe, même chez Tolstoï et Dostoïevski jusqu’à définir le type de l’« âme russe ». Un type semblable de personnage aboulique apparaît dans des romans américains évoquant le sud des États-Unis, par exemple dans A Confederacy of Fools (Une confédération de fous, 1963) de John Kennedy Toole.
Mais le phénomène d’aboulie apparaît surtout sous la plume d’auteurs hispanophones, en particulier sud-américains, comme si l’aboulie n’était autre que l’inadéquation du peuple avec son environnement, avec son destin. Il en est ainsi de l’Espagnol A. Ganivet (Idearium español, 1897) ; le poète chilien Carlos Pezoa Veliz (Poesías y prosas, 1927) traduit l’angoisse de la population indigente de son pays ; les personnages conçus par l’Uruguayen Juan Carlos Onetti, par le Vénézuélien Rómulo Gallegos, par le Colombien José Eustasio Rivera, par le Péruvien Ciro Alegría, par l’Équatorien Jorge Icaza traduisent la désespérance d’une population dessaisie de son avenir et y ayant renoncé. Il en est même encore ainsi de l’œuvre des Argentins Jorge Luis Borges et Julio Cortázar, du Brésilien Jorge Amado, du Mexicain Carlos Fuentes ou du Péruvien Mario Vargas Llosa, du Guatémaltèque (émigré à Paris) Miguel Angel Asturias, du Chilien Pablo Neruda et du Colombien Gabriel García Márquez. La littérature latino-américaine témoigne donc, par le traitement de l’aboulie, de la privation de son passé et de son avenir qu’a subie le peuple latino-américain.
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