01 juin 2008

Siempre son los demás los que se mueren.


Death Crowning Innocence, George Frederick Watts, 1896


Maman

Huit jours déjà que je ne pense qu’à maman,
tout le temps, en m’arrêtant,
son panier grinçant dans les bras,
elle montait au grenier,
montait de vifs pas, décidés.

A l’époque, l’homme sincère qui j’étais,
je hurlais, je tapais du pied
qu’elle laisse le linge lavé à d’autres,
qu’elle me prenne moi dans ses bras et,
au grenier, qu’elle me monte.

Impassible, en silence, elle allait tendre,
sans me gronder ni m’adresser un regard
et le linge éclatant, en fendant l’air,
voltigeait, s’en volait vers le ciel.

Je ne pleurnicherais plus mais c’est trop tard,
désormais, je vois comme elle est grande –
ses cheveux gris frôlent le ciel haut,
ainsi diluent-ils du bleu dans son eau.


Attila József