Oppositio

La mort de Socrate , Jean-Louis David 1787

L'alternative:

[La position du sujet mélancolique se durcit à l'extrême] selon deux formes les plus caractéristiques : celle du suicide et celle du religieux.

A la différence du discours mélancolique qui observe généralement un reste de compromis théâtral jusque dans ces ratiocinations les plus obsessionnelles, le suicide, comme passage à l'acte, marque l'exclusion totale d'un champ auparavant ouvert, que la logique recouvre, désormais, d'une seule de ses figures : celle de la contradiction. Le sujet paraît avoir entièrement négligé l'éventail des possibilités logiques localisées à l'une des extrémités de la corde, non pas tant à cause de l'implication qu'aurait exigé de lui l'accès à la communication intersubjective, qu'en raison de ce qu'il lui aurait fallu fournir d'efforts pour trancher dans l'infinité des propositions offertes à ses investissements.

Le suicide (du latin sui cadere, se tuer soi-même) est l'acte délibéré d'en finir avec sa propre vie.
Dans le domaine médical, on parle aussi d’autolyse (destruction — suffixe -lyse — appliquée à soi-même — préfixe auto).

Pour considérer qu'on est en présence d’un suicide, la mort doit être l’intention de l’acte et non simplement une de ses conséquences.

Si le suicidaire opte pour l'absolu, c'est qu'il ne veut pas prendre le risque de ne pas tout avoir, et préfère prendre celui de se perdre lui-même pour sauvegarder l'intégrité de son être. Le compromis aurait consisté en une assimilation réciproque des deux termes de l'alternative, dans la tolérance d'une mise en scène : celle de l'incarnation de l'Idée.

Or, après l'atteinte profonde de son image narcissique, rien ni personne ne sera jamais en mesure de cicatriser, comme le dit Freud, les blessures d'un homme qui s'est rendu à la logique du sens, ennemie de la croyance et de l'illusion.

La simple esquisse d'un geste a suffi pour le transformer en spectateur irréductible de la scène de la vie.