Aesthetica, aisthêtikos [αισθητικθς] ,
La Baigneuse, Pierre Auguste Renoir 1818
C'est que, si beaucoup de nos jugements ont pour objet le vrai, d'autres ont pour objet le beau, et s'appuient, non pas tant sur des idées plus ou moins régulièrement liées ensemble, que sur un sentiment que tous les humains doivent éprouver à la vue de certaines choses, belles ou sublimes. Et comme pour marquer que c'est surtout le sentiment qui juge ici, et non plus l'entendement seul ou la raison, et encore un sentiment épuré et affiné sous le nom de goût, le mot esthétique a été choisi par opposition à celui de logique.
Le mot esthétique , par son étymologie, exprimerait simplement l'idée de sentir. Cependant il désigne l'étude des seules émotions qui se rapportent à la beauté.
C'est que, si beaucoup de nos jugements ont pour objet le vrai, d'autres ont pour objet le beau, et s'appuient, non pas tant sur des idées plus ou moins régulièrement liées ensemble, que sur un sentiment que tous les humains doivent éprouver à la vue de certaines choses, belles ou sublimes. Et comme pour marquer que c'est surtout le sentiment qui juge ici, et non plus l'entendement seul ou la raison, et encore un sentiment épuré et affiné sous le nom de goût, le mot esthétique a été choisi par opposition à celui de logique.
Le sujet mélancolique, relativement au mécanisme freudien du travail de deuil (le surinvestissement des éléments du contexte propreà l'objet disparu), illustre-t-il le sentiment nostalgique de la perte originelle au sein de la réalité concrète, et plus précisément dans une composition de l'environement où l'objet esthétique exercerait la fonction d'indiquer et de masquer à la fois les affres d'une expérience de jouissance insuffisamment refoulée.
L'objet esthétique dès lors, pour peu que le sujet mélancolique soit parvenu à projeter son organisation défensive sur une découpe de l'environnement, se présenterait, pour reprendre la conception de Sartre dans L'Imaginaire comme un analogon de lui-même, «c'est-à-dire qu'une image iréelle de ce qu'il est se manifeste pour nous à travers sa présence actuelle [...]. Du même coup l'objet, se donnant comme derrière lui-même, devient intouchable, il est hors de notre portée ; de là une sorte de désintérêt douloureux par rapport à lui.
Une telle approche de la fonction de l'objet esthétique éclaire de manière nouvelle la neutralité désaffectivée de la réalité propre au sujet mélancolique ; elle insiste, en effet, sur la fonction d'une telle neutralité qui cache et témoigne à la fois des restes d'une jouissance dont le sujet ne parvient pas à se détacher. Et si le sujet mélancolique ne peut résoudre le deuil constitutif de son organisation psychique, du moins peut-il en travailler activement certaines modalités qui, plutôt qu'à l'objet d'amour, le renvoient à l'objet esthétique dans la construction d'une vision défensive, mais dont une version ménerait peut-être à la contemplation sublimée.
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