15 juillet 2006

Suicide is man's way of telling God, "You can't fire me - I quit."


Le Jugement Dernier (Extrait du Polyptyque), Rogier Van Der W eyden, 1445





Si la tragédie puise ses thèmes dans les mythes, c'est au prix d'un renversement : le mythe apporte des réponses sans jamais formuler explicitement les problèmes ; la tragédie utilise les traditions mythiques pour poser des problèmes qui ne comportent pas de solution.

La fin d'Antigone nous présente la substitution de je ne sais quelle image sanglante de sacrifice que réalise le suicide mystique. assurément, à partir d'un certain moment, nous ne savons plus ce qui se passe au tombeau d'antigone. Tout nous indique que ce qui vient se passer s'accomplit dans une crise de [mania, en grec dans le texte], Antigone étant parvenue à ce niveau où périssent également Ajax et Hercule - je laisse de côté la fin d'Œdipe.

Voir dans la partie sur la mort le commentaire de cette fin d'Œdipe.«Le Grec connaissait et éprouvait les terreurs et les horreurs de l'existence ; il n'aurait pu vivre s'il n'avait interposé entre ce monde et lui cette éblouissante création de rêve, le mode olympien. Cette extraordinaire méfiance envers les forces titanesques de la nature, cette Moïra qui trône impitoyable par-delà toute connaissance, ce vautour qui ronge le grand ami des hommes, Prométhée, ce sort effroyable réservé au sage Œdipe, cette malédiction héréditaire des Atrides, qui contraint Oreste à tuer sa mère, bref, toute cette philosophie du dieu sylvestre, avec ses exemples mythiques, a bien pu causer la perte des mélancoliques Etrusques, mais les Grecs, grâce à cette création de l'art, le monde médiateur des Olympiens, l'ont constamment vaincue, à tout le moins voilée et dérobée au regard.»

Cet homme dont le regard aigu perce à jour le terrible processus destructeur de l'histoire universelle, et n'ignore rien des cruautés de la nature, et qui est en danger d'aspirer à l'anéantissement bouddhique du vouloir. L'art le sauve, et grâce à l'art c'est la vie qui le reconquiert.

Ainsi, nous pouvons dire en général, que le véritable thème de la tragédie primitive est le divin, mais non le divin tel qu'il constitue l'objet de la pensée religieuse en elle-même, mais tel qu'il apparaît dans le monde et dans l'action individuelle, sans sacrifier son caractère universel et se voir changé en son contraire. Sous cette forme, la substance divine de la volonté et de l'action, c'est l'élément moral.