06 juillet 2006

So viele Menschen, so viele Meinungen...

Antigone, Lord Frederic Leigthon, 1882.



La seconde mort ou l'entre-deux


Qu'est-ce qui fait le pouvoir dissipant de cette image centrale (celle d'antigone elle-même), par rapport à toutes les autres, qui semblent tout d'un coup se rabattre sur elle, et s'évanouir ?

L'articulation de l'action tragique nous éclaire là-dessus. Cela tient à la beauté d'Antigone et à la place qu'elle occupe, dans l'entre-deux de deux champs symboliquement différenciés.

C'est sans doute de cette place qu'elle tire son éclat - cet éclat que tous ceux qui ont parlé dignement de la beauté n'ont jamais pu éliminer de leur définition. C'est cette place, vous le savez, que nous cherchons à définir. Nous avons tenté de la saisir la première fois par la voie de cette seconde mort imaginée par les héros de Sade - la mort pour autant qu'elle est appelée comme le point où s'annihile le cycle même des transformations naturelles.

Ce point, c'est celui où les métaphores fausses de l'étant se distinguent de ce qui est la position de l'être, nous en retrouverons la place, articulée comme telle, comme une limite, tout au long du texte d'Antigone, dans la bouche de tous les personnages, et de Tirésias.

Mais aussi bien comment ne pas la voir dans l'action même ? - pour autant que le milieu de la pièce est constitué par le moment de ce qui s'articule comme gémissements, commentaires, débats, appels, autour d'Antigone condamnée au supplice.

Quel supplice ? Celui d'être enfermée vivante en un tombeau. Le tiers central de la pièce est constitué par l'apophanie détaillée qui nous est donnée de ce que signifie la position, le sort d'une vie qui va se confondre avec la mort certaine, mort vécue de façon anticipée, mort empiétant sur le domaine de la vie, vie empiétant sur la mort.