31 août 2006

Una vida sin propósito es una muerte prematura.

La nécessité aveugle, ananke.

Mot que Freud emploie dans Malaise dans la civilisation. C'est face à la mort que la libido change de sens et reçoit le nom mythique d'Eros ; et c'est face au couple Eros-Thanatos que le principe de réalité, polairement opposé au principe deplaisir, déploie toute une hiérarchie du sens que recouvre le nom également mythique d'ananké.

Après l'introduction du narcissisme et le passage à la deuxième topique le réel, ce n'est plus seulement le contraire de l'allucination, c'est la dure nécessité, telle qu'elle se découvre au-delà de l'abandon de la position narcissique et au-delà des échecs, des déceptions et des conflits qui culminent à l'époque de l'Œdipe. La réalité s'appelle alors nécessité, et, parfois déjà, Ananké.

La notion de réalité se charge d'un sens qui le porte au niveau des grandes forces quasi mythiques qui se partagent l'empire du monde : cette transfiguration sera symbolisée par le terme d'ananké, qui rappelle à la fois le destin de la tragédie grecque, la nature dans la philosophie de la Renaissance et chez Spinoza, l'éternel retour chez Nietzsche.

La tragédie nous le montre (le conflit de la volonté avec elle-même) en nous peignant les souffrances humaines, soit qu'elles proviennent du hasard ou de l'erreur qui gouverne le monde sous la forme d'une nécessité inévitable, et avec une perfidie qui pourrait être prise pour une persécution voulue, soient qu'elles aient leur source dans la nature même de l'homme, dans le croisement des efforts et des volitions des individus, dans la perversité et la sottise de la majorité d'entre eux

Marx rejetait totalement le concept de tragédie. «La nécessité, déclarait-il, n'est aveugle que dans la mesure où elle n'est pas comprise.» Le théâtre tragique naît d'une affirmation exactement contraire : la nécessité est aveugle et, quand l'homme se trouve confronté avec elle, elle le frappe de cécité.