Prosopopée
La plus célèbre prosopopée est tirée "Du Discours sur les Sciences et les Arts" de Jean-Jacques Rousseau (1750). C’est la fameuse « Prosopopée de Fabricius », consul romain (en 282 et en 278), modèle de droiture pour les Anciens.Rousseau invoque Fabricius, lui donne la parole par delà le temps et la mort , lui attribuant ainsi ses propres pensées quant à la décadence dans laquelle Rome avait fini par sombrer. Décadence que, paradoxalement, le philosophe met en parallèle avec son propre siècle, "le siècle des Lumières". La figure de rhétorique choisie par le philosophe l’a donc été pour servir son propos : la décadence est liée aux progrès des dites lumières !
« O Fabricius ! qu’eût pensé votre grande âme, si pour votre malheur, rappelé à la vie, vous eussiez vu la face pompeuse de cette Rome sauvée par votre bras, et que votre nom respectable avait plus illustrée que toutes ses conquêtes ? « Dieux ! eussiez - vous dit que sont devenus ces toits e chaume et ces foyers rustiques qu’habitaient jadis la modération et la vertu ?... »
« Les hommes sont pervers : ils seraient pires encore s’ils avaient eu le malheur de naître savants »
Un autre exemple de prosopopée est dans la "Catilinarie" de Cicéron dans lequel il imagine que la Patrie repproche à Catilina, d'avoir organisé une conjuration contre elle. Lucius Sergius Catilina, issu d'une famille noble, avait une grande vigueur intellectuelle et physique, mais une âme mauvaise et dépravée. Dès son adolescence, il se sentit porté vers les guerres intestines, les meurtres, les rapines, la discorde entre les citoyens; et ce furent les exercices de sa jeunesse. Un corps capable de supporter la faim et le froid, l'insomnie à un degré inimaginable. Une âme audacieuse, fourbe, diverse, sachant tout simuler et tout dissimuler; avide du bien d'autrui, prodigue du sien; ardent dans ses passions; assez d'éloquence, de sagesse, peu. Son esprit insatiable aspirait sans cesse au démesuré, à l'incroyable, à l'excessif.
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