17 mai 2006

Le Moi et le Ça

The Artist in his Studio, Jan Vermeer, 1653.





Le Moi et le Ça. Dans le premier, la mélancolie est encore vue sous l'angle d'une fixation libidinale, sans aucune référence aux pulsions de mort. Certes, le stade auquel le mélancolique resterait fixé, oral cannibalique, implique la consommation destructrice de l'objet ; le sadisme oral et l'ambivalence sont en cause, mais tout se déroule ici dans le cadre d'une libido narcissique objectale sans que Freud tienne compte du haut potentiel destructif de cette affection, qui comporte le plus haut risque de suicide de toute la psychiatrie.

Dans Le Moi et le Ça, la mélancolie sera autrement désignée : «pure culture des pulsions de mort». Ici l'antagonisme féroce entre pulsions de vie et pulsions de mort révèle un combat de titans qui se joue dans le psychisme et peut être pas uniquement là. Une désintrication des pulsions est à l'œuvre. D'où la dangerosité de la crise, car toute diminution de la mitigation des pulsions a pour effet de dégager les pulsions de mort de leurs liens avec l'Eros des pulsions de vie. Leur affranchissement leur confère une puissance destructrice insoupçonnée lorsqu'elles ne sont plus entravées par le joug d'Eros qui jusque là réussissait à les lier en les érotisant. C'est comme si les Euménides, quittant leur séjour à la suite d'un nouveau matricide, revenaient à leur ancienne identité d'Erinyes impitoyables, vampires réclamant le sang pour le sang.