Nicolas Cusanus
"La sphère infinie dont le centre est partout et la circonférence nulle part"
Nicolas de Cues (en latin Cusanus) se situe par sa pensée, à la frontière entre le Moyen Age et l’époque moderne. Il est influencé par Ockham, le néoplatonisme et la mystique à propos de laquelle il utilise dans une large mesure les spéculations mathématiques.
Le monde se présente à nous comme une pluralité d’objets finis et opposés en contraires. Ceux-ci sont déterminés dans leurs qualités en vertu de leurs contradictions. Il règne ainsi dans le monde une perpétuelle métamorphose (aliud esse). L’entendement (ratio) connaît les choses en rapportant le connu à l’inconnu et forme ses concepts en se fondant sur des ressemblances. Mais comme dans le monde il n’y a que plus ou moins de ressemblances, et qu’il n’existe pas de norme absolument parfaite, tout ce qui est connu pourrait être mieux connu.
Nicolas de Cues utilise l’exemple du polygone qui, avec un nombre d’angles croissant, se rapproche du cercle sans toutefois jamais l’atteindre.
Dans notre recherche du savoir, nous aboutissons ainsi à la connaissance de notre ignorance fondamentale. L’homme est instruit de cette ignorance par sa raison (intellectus), car c’est grâce à elle qu’il peut saisir l’identité des contradictions dans l’infini.
L’homme se trouve alors dans un état de docte ignorance (douta ignorantia). Docte, parce qu’il se sait ignorant. Ignorant, parce qu’il est un être fini et n’est pas capable de saisir l’infini divin.
Le monde se présente à nous comme une pluralité d’objets finis et opposés en contraires. Ceux-ci sont déterminés dans leurs qualités en vertu de leurs contradictions. Il règne ainsi dans le monde une perpétuelle métamorphose (aliud esse). L’entendement (ratio) connaît les choses en rapportant le connu à l’inconnu et forme ses concepts en se fondant sur des ressemblances. Mais comme dans le monde il n’y a que plus ou moins de ressemblances, et qu’il n’existe pas de norme absolument parfaite, tout ce qui est connu pourrait être mieux connu.
Nicolas de Cues utilise l’exemple du polygone qui, avec un nombre d’angles croissant, se rapproche du cercle sans toutefois jamais l’atteindre.
Dans notre recherche du savoir, nous aboutissons ainsi à la connaissance de notre ignorance fondamentale. L’homme est instruit de cette ignorance par sa raison (intellectus), car c’est grâce à elle qu’il peut saisir l’identité des contradictions dans l’infini.
L’homme se trouve alors dans un état de docte ignorance (douta ignorantia). Docte, parce qu’il se sait ignorant. Ignorant, parce qu’il est un être fini et n’est pas capable de saisir l’infini divin.
« Mon Dieu, d’où vient qu’en la plus haute considération de mon âme, je vous vois tout infini [...] Ainsi il s’ensuit qu’aucun n’approche votre infinie grandeur que celui qui se tient dans l’ignorance, à savoir celui qui sait qu’il ne vous connaît pas. »
L’unité du monde dans sa diversité est fondée en Dieu, l’infini, dans lequel sont dépassées toutes les contradictions des choses finies. Nicolas de Cues tente d’expliquer la coïncidence des opposés en Dieu (coincidentia oppositorum) en s’appuyant sur un exemple mathématique: Plus la circonférence d’un cercle est grande, plus l’arc de cercle se rapproche d’une droite, et à l’infini tous deux coïncident, de sorte que les oppositions sont supprimées.
En fait, Nicolas de Cues voudrait arriver à saisir toutes choses intellectualiter et non pas rationaliter, parvenir à une connaissance intellectuelle (selon le principe de la coïncidence des opposés) car, par la raison, on ne parvient qu’à une connaissance limitée (selon le principe de contradiction).
Une autre formulation utilisée par Nicolas de Cues dit que Dieu est simultanément le plus grand (maximum) et le plus petit (minimum), car puisqu’il n’existe rien en dehors de Dieu, il n’y a rien de plus grand ni rien de plus petit. Dieu est la mesure de toutes les grandeurs finies.
L’essence de Dieu ne s’ouvre pas à l’entendement qui est fondé sur le principe de non-contradiction. Dieu est uniquement saisi par la raison s’approchant de l’unité.
En Dieu, chaque être est replié (complicatio) et la multiplicité du monde correspond à l’être déployé (explicatio).
«Tout ce qui est d’une quelconque manière ou qui peut être, est à l’origine replié en (Dieu), et tout ce qui est créé ou qui va être créé, est déployé par celui en qui il était replié. »
Toutes les créatures sont :
« Dieu replié en Dieu, comme elles sont le monde lorsqu’elles sont dépliées dans la création du monde ».
La dernière phrase montre clairement que Nicolas de Cues ne défend aucun panthéisme car les choses n’ont pas la même manière d’être en Dieu et dans le monde. Dans le monde, l’infini est développé en singularités différenciées (contractio). Dieu est donc désigné comme posse est (celui en qui toute potentialité, tout pouvoir, trouve son actualisation), mcar il est tout ce qu’il peut être et il ne consiste pas en une possibilité unique, alors que dans le monde, être et possibilité se différencient de sorte que toutes les choses demeurent en deçà de leur possibilité.
Nicolas de Cues souligne l’activité créatrice de la connaissance humaine. L‘esprit humain (mens) dessine un monde neuf dans sa saisie du monde. Tout comme Dieu crée ce qui est dans sa connaissance, ainsi l’homme crée-t-il l’être conçu.
«Car comme Dieu est le créateur de l’étant effectif et des formes naturelles, de même l’homme est le créateur de l’être pensé et des formes artistiques celles-ci n’existent que dans la ressemblance avec son esprit tout comme les créatures ressemblent à l’esprit divin.»
L’esprit humain est l’image de l’esprit divin. En lui aussi sont implantés les archétypes des choses en vertu de quoi il peut penser. Mais il ne sait rien des choses de leur caractère connaissable en tant qu’être créé par Dieu, il sait seulement comment elles sont connues par l’homme. L’esprit crée un nouveau monde en tant que connaissable puisqu’il le crée à sa mesure.
Nicolas de Cues déduit le terme latin mens du mensurare (mesurer). Les formes mathématiques remplissent une fonction particulière car elles peuvent être connues telles qu’elles sont en soi, puisque c’est l’homme lui-même qui les a produites. De la même façon que le monde est une théophanie, ainsi tout ce qui est su est une manifestation de ce qui entre dans l’esprit.
Nicolas de Cues compare l’esprit à un cosmographe qui prépare une carte du monde à l’aide des données lui ayant été rapportées par des messages (perceptions des sens). A cette différence près que l’esprit dessine la carte grâce aux formes, aux mesures et aux proportions qu’il a lui-même établies. Il connaît le monde grâce à une carte dessinée par lui selon sa mesure.
Cette pensée perspectiviste renvoie à une connaissance moderne du monde.
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