26 janvier 2006

Religiosité

A la Renaissance, avec l'affirmation de l'individu, la mélancolie devient noble, elle est la marque de la sagesse; ambivalent comme Saturne, le tempérament mélancolique prédispose aux arts et aux sciences. ?
De la mélancolie à l'enthousiasme : Robert Burton (1577-1640) et Anthony Ashley Shaftesbury (1671-1713)
Un tournant qui a lieu dans l'histoire de la mélancolie avec la parution en 1621 de l'Anatomie de la Mélancolie en montrant que cet ouvrage est à l'origine de la sécularisation de cette notion.
Quelles ont été les conséquences de la médicalisation des controverses religieuses initiée par l'ouvrage de Burton du point de vue du débat sur la tolérance et sur la persécution ?
L'œuvre de Shaftesbury montre précisément les limites de cette médicalisation de l'enthousiasme et propose de le penser comme une passion inhérente à la nature humaine. L'expression de mélancolie religieuse change alors de sens, l'approche naturaliste ne servant plus à stigmatiser des comportements religieux déviants (enthousiasme, désespoir religieux, athéisme), mais à s'interroger sur les conditions d'une pratique non mélancolique de la religion, tout en posant les prémisses d'une histoire naturelle du phénomène religieux (fanatisme et superstition).
Dans cette perspective, le discours médical demeure pertinent pour s'interroger sur les conditions d'une diététique politique, religieuse et individuelle. La remise en cause du schéma des humeurs s'est traduit par une transformation du discours sur la mélancolie qui a elle-même joué un rôle décisif dans la constitution d'un nouveau discours sur la nature humaine : dans la manière de penser les rapports de l'âme et du corps, de déterminer le statut et le rôle de l'imagination dans la genèse des dérèglements physiologiques et psychologiques, de définir le rapport de l'homme à la folie et de penser le lien entre la maladie et la connaissance de soi.