12 avril 2006

Αiας Τελαμώνιος / Aias Telamốnios

Ajax, Henri Serrur, 1820.




Troie

On le surnomme « Ajax le grand » à cause de sa haute stature. Priam, l'apercevant du haut des remparts de Troie, le décrit ainsi comme un « guerrier achéen, noble et grand, qui dépasse les Argiens de la tête et de ses nobles épaules1 » (Il., III, 226-227). Il est seulement dépassé par Achille en force et en bravoure. On le surnomme « le rempart des Achéens ». Il n'est blessé dans aucune bataille décrite dans l'Iliade et il est le seul personnage principal des deux côtés qui ne reçoit aucune assistance des dieux qui prennent part aux combats.
Selon la tradition post-homérique, il est invulnérable. Quintus de Smyrne note ainsi dans La Suite d'Homère (I, 564–567) :

« La lance (...) n'entame pas la peau délicate, quoi qu'elle le frappe en plein élan. Le destin ne veut pas qu'un trait ennemi, lourd de sanglot, puisse se tremper de son sang sur le champ de bataille. »
Son père est l'un des Argonautes. Il apporte avec lui douze vaisseaux à Troie. C'est le plus vaillant et le plus fort des héros grecs, Achille mis à part (II., II, 768-770). Pendant les combats décrits dans l'Iliade, il tue dix Troyens, ce qui le place à quatrième place des Grecs, derrière Achille, Diomède et Agamemnon.
L'un des plus importants duels de l'épopée l'oppose, au chant VII, à Hector, le prince troyen : Hector offre aux Grecs de désigner un champion pour l'affronter en combat singulier. C'est Ajax qui est tiré au sort et qui va affronter le Priamide. Le combat dure longtemps avant que les deux hérauts de Zeus ne l'arrêtent, alors que la nuit va tomber. Ajax et Hector conviennent alors de déclarer partie égale : ainsi, tous pourront dire, selon Hector, « Tous deux se sont battus pour la querelle qui dévore les cœurs et se sont séparés après avoir formé un amical accord 1 » (Il., VII, 301-302). Ils s'échangent alors des cadeaux, une épée et son baudrier de la part d'Hector, une ceinture de pourpre de la part d'Ajax, et chacun regagne son camp. La courtoisie et l'esprit chevaleresque qui anime la rencontre des deux champions contraste avec la sauvagerie du duel futur entre Achille et Hector.
Pendant les jeux funéraires de Patrocle, sa prière aux dieux de dissiper le brouillard qui était tombé sur la bataille fut rapidement accordée par Zeus et il concourt contre Ulysse à la lutte, mais les deux ne parviennent pas à se départager. Il affronte également Diomède lors de l'hoplomachie, et Achille doit arrêter le combat avant que Diomède ne le blesse.

Mort

Selon l'Odyssée, après la mort de ce dernier, avec l'aide d'Athéna il récupère le corps d'Achille des mains des Troyens et dispute à Ulysse l'honneur de recevoir ses armes. Athéna et un groupe d'enfants troyens prisonniers (à qui on demande qui d'Ulysse ou d'Ajax a causé le plus de tort à Troie) guident Agamemnon dans sa décision. N'ayant pas été choisi, son désappointement le rendit fou. Il se précipita hors de sa tente et tomba sur un troupeau de moutons dans le camp qu'il prit pour les chefs grecs ; il exerça sur eux sa vengeance. Reprenant ses esprits, il se tua de honte avec l'épée qu'il avait reçue comme cadeau d'Hector. C'est le récit de sa mort indiqué dans l'Ajax de Sophocle, dans les Néméennes de Pindare et dans les Métamorphoses d'Ovide. Selon Pausanias, de son sang surgit une fleur rouge, comme la mort d'Hyacinthe qui porte sur ses feuilles les lettres initiales de son nom Ai, également expression de lamentation. Ses cendres furent déposées dans une urne dorée sur le promontoire à l'entrée de l'Hellespont.
Ulysse le revoit lors de son passage au séjour des morts. Ajax, rancunier, reste d'ailleurs à l'écart, et ne répond pas à l'exhortation amicale d'Ulysse.

Culte Héroîque

Comme Achille, il est représenté comme vivant après sa mort dans l'Île Blanche, à l'embouchure du Danube. Ajax, dans la légende post-homérique, est décrit comme le petit-fils d'Éaque et l'arrière petit-fils de Zeus. Il est le héros tutélaire de l'île de Salamine, où il a un temple et une effigie. Un festival nommé Aianteia est célébré en son honneur. À ce festival, un lit est dressé, sur lequel la panoplie du héros est placée. Cette pratique rappelle l'usage romain du lectisternium.
L'identification d'Ajax avec les Éacides est principalement le fait des Athéniens, après la prise de Salamine. À cette occasion, on dit que Solon a inséré une ligne dans L'Iliade, dans le but d'appuyer la revendication athénienne sur l'île. Ajax devient alors un héros de l'Attique. Il est adoré à Athènes, où il a une statue sur la place du marché. La tribu Aiantis fut baptisée ainsi en son honneur. De nombreux Athéniens illustres — Cimon, Miltiade, Alcibiade, l'historien Thucydide — sont réputés être des descendants d'Ajax.