Die Räuber, Genie und Melancholie
Madona, Edvard Munch, 1894
Dans le poème intitulé « Le Monument de Moor le brigand », qui constitue en quelque sorte l'oraison funèbre de Karl Moor, Schiller le définit comme « l'enfant du génie céleste » (Kind des himmlischen Genius). Karl Moor ist ein selbstbewusster Idealist. Er ist hübsch und bei allen beliebt. Seine Gefühlsregungen und Emotionen sind typische Charaktereigenschaften des Sturm und Drang. Er kämpft mit seiner Räuberbande gegen die Ungerechtigkeit und Korruption der Feudalherrschaft. Er wird auch erst dann zum schändlichen Verbrecher und Mordbrenner, als er sich von seinem Vater und der Heimat verstoßen glaubt. Dieser Verzweiflung entwächst der Drang sich auszudrücken und neue Ziele/Richtungen zu entdecken, die seinen Idealen und Träumen von Helden entsprechen. Dabei verstößt er gegen Gesetze, für ihn heißt es, der Zweck heiligt die Mittel. Er entwickelt eine enge Bindung zu seinen Räubern, im speziellen zu Roller und Schweizer, erkennt jedoch im Verlauf die Skrupellosigkeit und Schande Spiegelbergs und anderer Gesellen. Er ist ein ehrlicher Räuber, der seine Schandtaten zugibt. Als er erkennen muss, dass sein Vater ihm verzeihen und auch Amalia solch einen Mordbuben wie ihn nicht verschmähen würde, entsteht ein tiefer innerer Zwist, da er gleichzeitig seinen Räubern geschworen hat sich nie von ihnen zu trennen und Schweizer und Roller nur für ihn gestorben sind.
Verzweifelt fordert er den Blutzoll ein und tötet seine Geliebte (auf ihren Wunsch). Er selbst beschließt sich der Justiz zu stellen, indem er sich einer armen Bauernfamilie zuwendet ,so dass diese sein Kopfgeld einstreichen kann, was zeigt, dass er im Grunde des Herzens gut ist.
Il fait ainsi appel à une notion qui brouille la frontière entre éthique et esthétique, tout comme, lors de sa première apparition sur scène, Karl Moor passait de la critique du théâtre (« la tragédie où un auteur français vous juche, guindés, sur les échasses et vous fait marcher comme des marionnettes » I, 2, p. 125) à celle de la société :
Ich soll meinen Leib pressen in eine Schnürbrust und meinen Willen schnüren in Gesetze. Das Gesetz hat zum Schneckengang verdorben, was Adlerflug geworden wäre. Das Gesetz hat noch keinen großen Mann gebildet, aber die Freiheit brütet Kolosse und Extremitäten aus.
Ich soll meinen Leib pressen in eine Schnürbrust und meinen Willen schnüren in Gesetze. Das Gesetz hat zum Schneckengang verdorben, was Adlerflug geworden wäre. Das Gesetz hat noch keinen großen Mann gebildet, aber die Freiheit brütet Kolosse und Extremitäten aus.
De fait, la comparaison entre les entraves imposées à l'individu par la société et celles imposées au génie créateur par les règles de l'art était déjà formulée par Werther :
Man kann zum Vorteile der Regeln viel sagen, ungefähr was man zum Lobe der bürgerlichen Gesellschaft sagen kann. Ein Mensch, der sich nach ihnen bildet, wird nie etwas Abgeschmacktes und Schlechtes hervorbringen, wie einer, der sich durch Gesetze und Wohlstand modeln läßt, nie ein unerträglicher Nachbar, nie ein merkwürdiger Bösewicht werden kann ; dagegen wird aber auch alle Regel, man rede was man wolle, das wahre Gefühl von Natur un den wahren Ausdruck derselben zerstören ! [...] O meine Freunde ! warum der Strom des Geistes so selten ausbricht, so selten in hohen Fluten hereinbraust und eure staunende Seele erschüttert ? - Liebe Freunde, da wohnen die gelassenen Herren auf beiden Seiten des Ufers, denen ihre Gartenhäuschen, Tulpenbeete und Krautfelder zugrunde gehen würden, die daher in Zeiten mit Dämmen und Ableiten der künftig drohenden Gefahr abzuwehren wissen.
On retrouve l'image du torrent, appliqué à Karl Moor par son frère Franz, dans la première scène des Brigands : « La digue sera emportée, et le torrent de ses désirs pourra se déchaîner librement. »
La réflexion de Werther se situe dans le cadre d'un débat entre les partisans du génie et ceux des règles, fort ancien, qui connaît un renouveau à la fin du XVIIIe siècle, notamment dans le domaine théâtral où les théoriciens du drame, à commencer par Diderot, défendent la liberté créatrice du génie. La question mériterait un long développement mais je retiendrai seulement ici la rencontre entre la figure du génie et celle du héros qui se dessine dans l'Essai sur le genre dramatique sérieux (1767) de Beaumarchais, directement inspiré de Diderot :
Le génie curieux, impatient, toujours à l'étroit dans le cercle des connaissances acquises, soupçonne quelque chose de plus que ce qu'on sait ; agité par le sentiment qui le presse, il se tourmente, entreprend, s'agrandit, et, rompant enfin la barrière du préjugé, il s'élance au-delà des bornes connues. Il s'égare quelquefois, mais c'est lui seul qui porte au loin dans la nuit du possible le fanal vers lequel on s'empresse de le suivre. Il a fait un pas de géant, et l'Art s'est étendu...
On voit déjà s'esquisser ici la figure du poète mage qui connaîtra la fortune que l'on sait dans la poésie romantique et l'on peut à bon droit, me semble-t-il, parler ici aussi d'un héroïsme de la pensée.
Que celui-ci soit lié à la mélancolie pour Schiller ne fait guère de doute, puisque celui-ci a mis en scène son personnage en proie à un accès de mélancolie dans la scène 2 de l'acte III. (pp. 249-253). Avant de revenir sur cette scène, je voudrais souligner que dès 1764, Kant, dans ses Observations sur le sentiment du beau et du sublime, fait de l'homme mélancolique celui qui « a éminemment le sens du sublime ». Que Schiller ait eu ou non connaissance de ce texte au moment où il a écrit sa pièce, son personnage répond de façon saisissante au portrait que Kant dresse de ce tempérament lorsqu'il dégénère :
Quand ce caractère dégénère, le sérieux tourne à la mélancolie [Schwermut], la méditation à l'extravagance [Schwärmerei], l'amour de la liberté à l'enthousiasme. Les offenses et les injustices allument en lui le désir de vengeance. Il est alors fort à craindre. Il défie le danger et méprise la mort. L'inversion dans l'art de sentir et le manque d'une raison sereine le font tomber dans le goût de l'exploit.
Je remarque d'ailleurs que l'hypothèse d'une telle évolution qui transforme les qualités qui faisaient la supériorité de Karl en excès qui le rendent coupable de transgression est défendue avec beaucoup d'habileté par Franz dans la première scène. C'est donc la première image qui est donnée au spectateur et il n'est pas sût qu'elle soit totalement démentie par la suite.
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