La tragédie ne peint que les passions (Stendhal)
La briéveté
La tragédie, diffère de l'épopée par sa briéveté et en tant qu'elle n'est pas un «récit» mais une imitation de l'action. Dans la Grèce antique, on l'opposait également au drame satyrique.
La tragédie apparaît à Athènes avec la comédie. Elle est institutionnalisée dans le cadre des fêtes de Dionysos (fin janvier et fin mars), et donc originellement confinée aux rites religieux. Les archontes (gouverneurs de la cité) organisaient annuellement un concours entre trois dramaturges, chacun présentant une pièce. Le meilleur d'entre eux était ensuite récompensé, et son œuvre conservée ; très peu de tragédies non récompensées nous sont parvenues. Cependant, comme le souligne la définition d'Aristote, la catharsis a un rôle aussi si n'est plus important que la fonction rituelle. En outre, la fonction sociale était elle aussi prédominante puisque les citoyens les plus riches supportaient les frais du spectacle alors que les moins aisés percevaient une indemnité pour y assister. Cette cérémonie peut donc sous certains aspects être rapprochée du Colisée romain.
L'étymologie du terme est complexe. S'il faut y voir un lien avec le bouc, comme le suppose Aristote dans sa Poétique, cela soulève de nombreux problèmes. Le nom, en grec, est τραγaδία / tragôidía, que le philosophe grec analyse comme un composé de τράγος / trágos, « bouc » et aδή / ôida, « chant ».
Aristote prétend que le bouc rappelle là les satyres du cortège dionysiaque qui précédait les séries de représentations. Les satyres ne sont cependant jamais associés au bouc et le cortège dionysiaque est bien plus évocateur du drame satyrique que de la tragédie.
Si le bouc est bien un animal proche de Dionysos (il dévore les pousses de vigne et on peut le sacrifier pour le dieu), il n'y a pas de sacrifice d'un bouc lors des représentations, ou alors les sources manquent pour le prouver. On pourrait croire que c'était là la récompense offerte au dramaturge vainqueur mais on ne trouve que deux témoignages directs d'un tel trophée.
On peut alors penser que le bouc dont il est question est à comprendre de manière figurée : la tragédie serait le chant de la victime expiatoire tragique qui portera les angoisses des spectateurs pour les purifier. En dernière analyse, on peut y voir, a posteriori, une forme du bouc émissaire hébraïque. Quoi qu'il en soit, déjà pour les Grecs, la tragédie est un genre édifiant.
On peut alors penser que le bouc dont il est question est à comprendre de manière figurée : la tragédie serait le chant de la victime expiatoire tragique qui portera les angoisses des spectateurs pour les purifier. En dernière analyse, on peut y voir, a posteriori, une forme du bouc émissaire hébraïque. Quoi qu'il en soit, déjà pour les Grecs, la tragédie est un genre édifiant.
Le présent de l'action est presque toujours le fruit du passé dont il actualise des menaces. Le plus souvent, le temps manque pour rectifier ou reprendre la parole fatale. La tragédie nous répète que le domaine de la raison, de l'ordre et de la justice est terriblement limité, et que nul progrès de notre science ou de nos moyens techniques ne l'élargira. En dehors de l'homme et en lui, il y a l'autre, l'autre monde. Appelez-le comme vous voulez: un dieu caché ou méchant, la destinée aveugle, les solliciations de l'enfer, la fureur bestiale de notre sang - il nous guette à la croisée des chemins. Il se moque de nous et nous détruit.
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