Les Tragédies ont en commun, ce que le temps laisse d'elles
Marat Assassiné, Jean-Louis david, 1793
On ne peut manquer d'être frappé par la discontinuité de l'évolution du genre et la briéveté de ses périodes vivantes. Le problème de la tragédie réside donc dans l'explication de la résurgence d'une forme si particulière à des époques et dans des civilisations éloignées, différentes dans leurs structures sociales, politiques, économiques. Cette explication a été cherchée dans une double direction : dans la «préhistoire» de l'esprit humain ou dans les ruptures créées, et historiquement datées, par l'apparition de nouvelles structures sociales.
La tragédie se révèle alors comme l'expression critique d'un déséquilibre, ou plutôt du moment incertain de constitution d'un équilibre nouveau.
«Eschyle est suivi de Sophocle et d'Euripide ; Marlowe de Shakespeare, Jonson et Webster ; Corneille de Racine, Avec Gœthe, nous avons Schiller, Kleist et Büchner. Ibsen, Strindberg et Tchékhov étaient tous trois vivants en 1900. Mais ces constellations sont de splendides accidents. Elles sont extrêmement difficiles à expliquer. Ce que nous devons nous attendre à trouver - et trouvons en fait - ce sont de longs espaces de temps durant lesquels aucune tragédie ne s'écrit.»
Il est surprenant de constater que la tragédie est déjà morte au moins trois fois. En Grèce, après, semble-t-il, environ quatre-vingt années d'existence, à Rome après Sénèque, et enfin au début du XIXe siècle, comme usée par la répétition, sous les coups de boutoir des romantiques.
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