Il talento senza genio è poca cosa. Il genio senza talento è nulla...
Dexter Sinister, Douglas Malone, 2004.
Lorsque Freud revient à la mélancolie dans Le Moi et le Ça, il renouvelle son interprétation en la passant au crible de la deuxième topique. Ce ne sont plus les deux moitiés d'un même Moi qui se scindent à cette occasion pour se combattre. Au clivage du Moi se substitue le rapport conflictuel entre le Moi et cette partie de lui qui s'en est séparée depuis longtemps : le Surmoi. La mélancolie offre alors l'affligeant spectacle de la persécution du Moi par l'impitoyable Surmoi.
Apparemment, la différence entre 1915 et 1923 paraît une simple question de nuance. En fait la nouvelle théorie et fort éloignée de l'ancienne. Car Freud ne manque pas de souligner que, à la différence du Moi, le Surmoi est alimenté par le Ça. Autrement dit que la morale dont il est le héraut est ancrée dans les profondeurs de l'instance la plus sauvage de la psyché que hantent maintenant les pulsions de mort aux côtés des pulsions de vie, en un mélange explosif tel que tout affaiblissement de l'Eros - qu'il vienne de la réalité extérieure avec le deuil ou de la réalité intérieure par la déception excessive qu'entraîne un changement chez l'objet - fait, du mélange vital, un bouillon de culture léthal.
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