26 janvier 2006

Edward Hopper

S'il faut en choisir un, voici Cinéma à New York, d'Edward Hopper. La colonne torsadée et son pendant brut parallépipédique divisent la composition en deux. A gauche, la salle de cinéma dans la pénombre, trois veilleuses au plafond, l'arrondi des fauteuils, deux spectateurs à peine visibles dans la salle quasi vide: un espace clos, courbe, refermé sur lui-même, tourné vers l'écran d'où vient le seul mouvement, la seule vie. A droite, dans une lumière plus crue, des lignes droites, verticales, une ouverture, escalier que renforce le triangle entre les rideaux qui pointe vers le haut, vers le vrai monde réel, pas celui des films, de la représentation; et cette jeune femme fine, perdue dans ses pensées, le menton dans la main bien sûr, absente au monde, celui de la fiction comme celui du réel, dans son infinie solitude.