Le Moine et L'Ile
Au XIXème. Là s'exprime à plein la dimension géniale et créatrice de la mélancolie. Le génie, seul, rejeté, marginal ne peut qu'être mélancolique. Voici côte à côte Le Moine au bord de la Mer, de Caspar David Friedrich, et L'Ile des Morts, d'Arnold Böcklin, aux deux extrémités du siècle (1808 et 1883).
Le dépouillement du tableau de Friedrich, sa composition horizontale extrêmement simplifiée, la taille minuscule du moine, homme sans descendance, face à ce ciel immense, créent une impression lugubre et humble. Y a-t-il un espoir ? un salut possible ? Notre condition est-elle désespérée quoi que nous fassions ?
Le dépouillement du tableau de Friedrich, sa composition horizontale extrêmement simplifiée, la taille minuscule du moine, homme sans descendance, face à ce ciel immense, créent une impression lugubre et humble. Y a-t-il un espoir ? un salut possible ? Notre condition est-elle désespérée quoi que nous fassions ?
Böcklin, plus funèbre par son sujet, fait aussi ressortir solitude et impuissance. L'île tombeau, l'écrin des murs de pierre claire autour de la noirceur des cyprès funéraires renforcent cette impression mélancolique. Tous les regards convergent vers l'énigmatique figure en blanc dans la barque de Charon, qui accompagne le cercueil, lui aussi drapé de blanc et couvert de fleurs, vers sa sépulture. Hitler avait acquis personnellement ce tableau en 1936, y voyant une célébration de l'âme germanique.
Hommes nés au XXème siècle, nous ne pouvons plus regarder la mélancolie à l'aune religieuse ou romantique, nous ne pouvons plus ignorer la psychanalyse et la condition humaine; depuis un siècle, la mélancolie (dirons-nous dépression?) est devenue notre norme, la manifestation de notre inadéquation au monde, de notre aliénation. Il n'est pas un artiste moderne qui ne s'y soit confronté. La sélection qu'a dû faire le commissaire de l'exposition est donc bien partielle (mais ne gâchons pas notre "plaisir"; est-ce bien le mot approprié ? J'en doute). Je ne vais pas vous remontrer Rodin (Le Penseur et la Porte de l'Enfer), Ron Mueck (Gros homme), Anselm Kiefer (ici avec un dodécaèdre sur un avion de plomb, Melencholia) ou Zoran Music (superbe Fauteuil Gris aux lignes indistinctes), tous évoqués sur ce blog il y a peu. Ni Edvard Munch et le tableau poignant de sa soeur Laura, dépressive qui mourut à l'asile; un autoportrait aurait été tout aussi illustratif de la mélancolie du peintre lui-même.
Hommes nés au XXème siècle, nous ne pouvons plus regarder la mélancolie à l'aune religieuse ou romantique, nous ne pouvons plus ignorer la psychanalyse et la condition humaine; depuis un siècle, la mélancolie (dirons-nous dépression?) est devenue notre norme, la manifestation de notre inadéquation au monde, de notre aliénation. Il n'est pas un artiste moderne qui ne s'y soit confronté. La sélection qu'a dû faire le commissaire de l'exposition est donc bien partielle (mais ne gâchons pas notre "plaisir"; est-ce bien le mot approprié ? J'en doute). Je ne vais pas vous remontrer Rodin (Le Penseur et la Porte de l'Enfer), Ron Mueck (Gros homme), Anselm Kiefer (ici avec un dodécaèdre sur un avion de plomb, Melencholia) ou Zoran Music (superbe Fauteuil Gris aux lignes indistinctes), tous évoqués sur ce blog il y a peu. Ni Edvard Munch et le tableau poignant de sa soeur Laura, dépressive qui mourut à l'asile; un autoportrait aurait été tout aussi illustratif de la mélancolie du peintre lui-même.
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