25 février 2006

Melancholie du Docteur Gachet

Le Docteur Gachet, Vincent Van-Gogh, 1890.


Ami de Cézanne et de Guillaumin, aquafortiste, amateur de peinture impressionniste, très lié avec le graveur Charles Méryon, dont il avait suivi la folie, préoccupé de psychiatrie, auteur d’une thèse sur la Mélancolie, le docteur Gachet devait nécessairement ne pas manquer de s’intéresser à Van Gogh, malade et artiste. Revenant de l’asile de Saint-Remy, Vincent s’installe à Auvers-sur-Oise, chez le docteur Gachet. C’est de mai à juillet 1890 que s’établit entre le peintre et son médecin, qui l’entourait de soins attentifs, une affection solide. Mais plus l’ami que le praticien n’avait le pouvoir d’empêcher la tragédie intérieure qui déchirait Vincent et allait le conduire au suicide. Van Gogh fit du docteur Gachet un autre portrait (Musée de Francfort) et une eau-forte. Grâce à la générosité du fils du modèle, le Louvre s’est enrichi, en 1949, de cette œuvre dramatique, typique de la période d’Auvers. Dans le dessin onduleux comme une flamme, cassé et chaotique, dans la composition basculée et instable, dans la stridence de la couleur, l’artiste cherche à exprimer la douloureuse et violente angoisse, l’ardeur spirituelle, la recherche désespérée qui l’étreignent. Peu de temps après avoir peint cette toile il se tuera, faute de trouver un moyen de traduire son inquiétude philosophique : « Il y a quelque chose au dedans de moi ; qu’est-ce que c’est donc ? »