26 janvier 2006

Etymologie

Subst. fém. en français melancolie, malencolie, du latin melancholia, du grec μελαγχολία: «humeur noire» (μλας «noire» + χολ «bile»).
Etude sémantique

1. (Médecine ancienne). Excès de bile noire, l'une des quatre humeurs (fluides) de l'ancienne physiologie provoquant un état pathologique. La bile noire était censée être secrétée par la rate (en anglais spleen) à qui on attribuait les accès de tristesse et d'exaltation selon la température. (L'expression se faire de la bile, «se tourmenter» en garder la mémoire). En physiologie moderne, la bile est secrétée par le foie; la littérature et la langue dans u usage quelque peu vieillie lui attribuent non la tristesse, mais, les accès de colère (échauffer la bile, «exciter la colère de quelqu'un»), sens dérivé qu'a le mot spleen, «rate», en anglais. Le mot colère lui-même signifie étymologiquement «bile»).

2. État de tristesse vague, propice à la rêverie (v. les articles ÉTAT D'ÂME, RÊVERIE, SAUDADE).

3. État pathologique d'abattement, de découragement, de lassitude, de pessimisme (v. les articles DÉPRESSION, PESSIMISME). L'esthétique de la mélancolie trouve peut-être une justification que nombre de grands artistes ont souffert de mélancolie, ou du moins qu'a posteriori on a diagnostiqué chez eux une tendance mélancolique; parmi les plus célèbre on signale Molière, Voltaire et Chopin.
Le mélancolique, l'homme ou la femme atteint de mélancolie, constitue un type littéraire recoupant en partie d'autres caractères comme le misanthrope, le grincheux, le mécontant, etc., présent dans tous les genres, particulièrement la comédie antique et moderne, mais aussi dans la tragédie élizabéthaine, le drame romantique, le roman, etc.
4. Caractère d'un lieu, d'un spectacle, d'une situation, d'un genre, d'un mode d'expression, etc. empreints de douce tristesse, de nostalgie, etc. Mélancolie des ruines, des couchers de soleils, de la séparation, de l'élégie, du tango.

5. esthétique de la mélancolie: Recherche du beau dans la tristesse vague, la rêverie nostalgique, etc. comme étant susceptibles de favoriser la création artistique. Culture de ces états dans le but de se constituer une personnalité littéraire et artistique fertile en création. Le poète porte en lui le souvenir d'un état de grâce, d'éternité, de beauté, d'absolu auquel il aspire au travers de l'art (v. article SUBLIME).
Mélancolie de l'infini: Aspiration du poète, surtout du poète romantique, à retrouver par l'art ou à exprimer par l'art, l'artifice ou la fiction, un paradis perdu, une existence antérieure, un idéal infini, un absolu afin de faire apparaître une réalité transcendentale encore inconnue.

Quand la littérature valorise la mélancolie, c'est pour en faire l'instrument d'une quête métaphysique. On retrouve ce désir d'idéal absent, d'unité perdue dans le l'idéal baudelairien ou la saudade des poètes portugais ou lusophones, chez Fernando
Pessoa en particulier.