Mélancolie et Tragédie
La mélancolie demeure de nos jours une affection difficilement classable, tant au regard de la psychiatrie qu'au regard de la psychanalyse. Tantôt distinguée de la psychose maniaco-dépressive, tantôt assimilée à celle-ci [...] elle suscita de la part des aliénistes, et en particulier ceux du XIXe français [...] un grand intérêt et une grande suspicion tout à la fois, dus à l'image romantique qu'elle ne manquait pas de rappeler.
On connaît la préférence d'Esquirol pour le terme de «lypémanie» (lupè : chagrin) ou «monomanie triste» à celui de mélancolie qu'il abandonnait de ce fait aux moralistes et aux poètes. Or, et en dépit de ce rejet, c'était déjà faire de la mélancolie une entité nosographique spécifique, proche de la forme unipolaire qu'on lui reconnaît actuellement et qu'on rencontre encore sous l'appellation de «dépression endogène».
Par ailleurs, et toujours du point de vue de la psychiatrie, les critères actuels du D.S.M. II [...] font de la mélancolie une sous-catégorie de la «dépression majeure» [...]. Avancées et retours dans la définition de la mélancolie comme dans la reconnaissance de sa spécificité ponctuent donc l'histoire de la maladie, qui, si elle
renvoie à la tradition organo-psychique du côté de la psychiatrie française, au sens où, comme l'enseignait G. Dumas, elle n'était jamais que la conscience de l'état du corps, renvoie à une tradition plus riche du côté de la psychiatrie allemande, au sens où, comme le montraient déjà H. Emminghaus et H. Schüle, elle relevait de ce fameux mouvement hélicoïde de la «pensée sur la pensée», précurseur de l'«hémorragie interne» et de l'«évidement du moi» freudiens.» (Marie-Claude Lambotte, art. «Mélancolie» in L'Apport freudien, p. 230-231).
«Etat dépressif particulièrement sévère, caractérisé par une douleur morale intense, avec sentiments de culpabilité et d'auto-dépréciation, une grande tristesse, un ralentissement psychomoteur allant parfois jusqu'à la stupeur et une anxiété majeure s'accompagnant souvent d'insomnies et de troubles digestifs.»
Origine cérébro-psychique à partie du XVIIe et surtout du XVIIe ; D.S.M., on distingue moins dépression endogène et dépression réactionnelle, pour parler de dépression plus ou moins grave ; délire de Cottard : délire de négation du corps. (Postel, «Mélancolie»).
«La maladie bipolaire ou monopolaire (ou psychose maniaco-dépressive). - La caractéristique essentielle de cette affection est la survenue intermittente de troubles dépressifs majeurs ou mélancolie, et de troubles d'excitation ou manie avec des intervalles libres entre les accès au cours desquels le sujet est indemne de toute pathologie. Tantôt il y a alternance de mélancolie et de manie et on parle alors de maladie bipolaire. Tantôt il y a seulemnt des accès mélancolique et on parle de maladie monopolaire.
Il n'y a pas de forme monopolaire maniaque individualisée.
Von den Geisteskrankheiten ( Melancholie)
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